En fait, je n'avais réalisé qu'après coup toute la lourdeur de mes mots. Encore une fois Rumble, tu avais parlé sans réfléchir... à croire que ça devenait une habitude. Et pourtant, c'est tout ce que j'avais trouvé à dire... à demander. Non pas parce que j'avais envie de savoir, mais parce qu'il le fallait. Nous venions de retrouver un semblant de sérénité, lové simplement l'un contre l'autre, nous apportant la chaleur mutuelle et la douceur. Cette étreinte... je la sentais m'envahir au plus profond de moi même, comme une caresse, un bienfait. Et cette proximité bien que surprenante, ne me gênait aucunement. Non. En fait elle était agréable. Comme si pour la première fois depuis longtemps je venais de découvrir que les monde n'est pas uniquement peuplé d'hypocrite. Les paroles de Kennen étaient justes à mon égard, ses sentiments étaient clairs et sincères. Il voulait me venir en aide. Ce n'était pas un moyen pour lui de se donner bonne conscience, ou de se rattraper pour le passé... de toute façon il y a bien longtemps que je ne lui en voulais plus vraiment. Non, tout ce qu'il avait fait pour moi aujourd'hui, tout ce qu'il m'avait dit... c'était dans le seul et unique but de me faire prendre conscience de certaines choses. Ces même choses que j'avais toujours ignoré ou refoulé.

Et j'avais tout gâché. En nous  forçant à quitter se cocon de lumière et de chaleur. Lorsque nos regards c'étaient entrecroisés... tout avait pris fin. Cette sensation de bien être, de soulagement. Les larmes qui avaient roulées au creux de nos joues étaient, à peu de chose près, tout ce qui nous restait. Le regard de Kennen trahissait toute sa surprise, une lueur  de consternation comme s'il avait du mal à croire au sens même de mes paroles, comme s'il s'attendait à ce que tout ne soit qu'une mauvaise blague. Mais mes prunelles ambrées le fixait avec un tel sérieux qu'il était tout bonnement impossible qu'il ne comprenne pas à quel point... mes paroles étaient on ne peux plus sincères.

L'espace d'un instant, le silence régnait en maître sur notre conversation, rien à par le souffle de notre respiration simultanée, et toujours cette proximité que je ne pouvais me résoudre à briser car elle m'apportait malgré tout, un soutient sans nom. Je voulais lui dire que j'étais désolé, que lui imposer ce choix était probablement une chose bien cruelle de ma part, mais j'avais besoin de savoir. Je n'avais jamais voulu entrainer Kennen dans mes histoire. Il ne mérite pas que sa réputation soi ternie à cause de mes actes ; tout ca parce qu'il m'était venu en aide aujourd'hui. J'aurais presque été soulagé qu'il me réponde par l'affirmative mais lorsque je sentis ses mains agripper ma combinaison  avec force... c'est une toute autre réplique qu'il me souffla doucement aux oreilles. Je resserrais également ma prise sur sa main, plongeant à présent mon regard dans le sien. Il brillait de surprise. Il ne... voulais pas m'arrêter. Mais avait-il seulement comprit quelle serait les conséquences d'une telle prise de décision? Je m'apprêtais déjà à essayer de le raisonner, mais le ninja ne me laissa pas saisir l'occasion d'en placer une. Il voulait que je l'écoute, et c'est ce que j'allais faire. Trop las pour jouer les rebelle, trop épuisé pour le contredire ou lui couper la parole.

Je l'écoutais. Et voila qu'il recommençait avec ses histoire d'évolution, de seconde chance et de bonté intérieur. Voila qu'il recommençait à me décrire comme une personne généreuse malgré les erreurs que j'avais commis dans le passé. Changer? Il n'était pas le premier à tenir un tel discours en ma faveur, je me souviens encore des mots de Soraka qui m'avait demandé d'utiliser Tristy pour faire le bien autour de moi... un rictus amer étira momentanément mes lèvres... Comment pourrais-je faire le bien autour de moi lorsque le monde entier ne me veut que du mal? Il y a une différence entre être généreux et complètement stupide!  Et il était clair que je n'étais ni l'un, ni l'autre. Mes yeux s'arrondirent alors comme des billes. Mon.. Complice? Je ne pu m'empêcher d'esquisser un bref mouvement de recul lorsqu'il prononça ses mots. Impossible?! Il avait perdu la tête?! Le contre coup de ses blessures? Pourtant il semblait en pleine possession de ses moyens alors... Est-ce que je rêvais? J'aurais bien voulu me pincer pour vérifier, mais mes mains refusaient de lâcher la fourrure de Kennen. Est-ce qu'il pensais sincèrement s'en tirer aussi facilement alors qu'il avait indirectement participé au meurtre d'un académicien de Piltover? Tout ça parce que "les gens peuvent changer" ? Et si il se trompait? Si je... si j'étais un cas désespéré et que je ne pouvais pas changer? Le sourire de mon ami manqua de me faire rougir et j'hochais lentement de la tête en signe d'incompréhension.

« Kennen tu... tu es complètement dingue? Tu sais ce que tu risques en agissant comme ça? Je ne mérite pas que tu places autant de confiance en moi... » Je baisais les yeux, étirant un petit sourire triste. « Ton amitié est un précieux cadeau que tu m'offres...  Mais... mais tu ne pense pas que tes attentes envers moi sont bien trop grande? Je veux dire... regarde moi!!!! Je ne suis pas... un héro... je n'ai NI le profil, NI les états d'âme pour endosser ce rôle! Et tu pense que je vais pouvoir changer au point de faire diverger l'opinons publique?? Mais tu rêves??!! Et même si c'était possible, comment je pourrais changer ce que j'ai toujours été? Et SI! Je di bien SI j'arrivais un jour à changer... la milice de Piltover aura certainement eu le temps de nous retrouver une bonne centaine de fois avant que ça n'arrive!!! »

Mon regard se planta à nouveau dans celui de Kennen, presque désespéré, tandis que j'agrippais un peu plus mes mains contre lui. Ma voix vacillait malgré moi, mais plus je réfléchissais et moins je comprenais les motivation de mon ami. Comment pouvait-il risquer à ce point son intégrité, tout ça pour moi?! Tout ça pour essayer de me faire changer afin que la population m'accepte? Et puis soyons franc... est-ce que j'avais vraiment envie d'être accepté par ce monde qui m'avais rejette jusqu'à aujourd'hui? Est-ce que j'avais réellement envie de pénétrer à l'intérieur de ce moule qui m'vais été fermé durant toute ma vie? Est-ce que je n'étais pas mieux ainsi? En paria? Je n'avais de compte à rendre à personne et personne ne s'occupait de moi... enfin... sauf ce qui voulait ma peau... mais ce n'était qu'un détail.

« Tu sais j'ai déjà essayé! De me maîtriser... de me contenir... Mais... c'est plus fort que moi! Quand je les entends me railler... m'insulter, quand j'encaisse les coups et blessures... Je... je finis toujours par... »

Mes yeux se crispent...et je baisse la tête en la secouant vivement. Un jour, je me souviens même avoir envisagé que la schizophrénie était la réponse à mon problème... mais cette hypothèse me paraissait bien trop bancale. Ces trous noirs, ne semblaient-être rien de plus qu'une manifestation de mon subconscient... comme un moyen de me protéger... mais en fait... ils m'apportaient plus d'ennuis que de protection... Finalement j'échappais un rire nerveux avant de murmurer sur un timbre de voix presque médisant.

«Ha... En fin de compte je suis peut être vraiment un cas désespéré... »